Singapour, près du temple bouddhiste

 

Il n'y a pas très longtemps, je suis allée faire un petit tour en Asie.

A Singapour.

Et comme je vous l'avais déjà expliqué, j'emmène dans mes voyages le Grand Machin qui est reporter photo.

Il faut bien que quelqu'un s'en occupe car les bipèdes, souvent, ne savent pas voir et ont besoin que l'on s'occupe d'eux.

Mais bon. C'est comme ça...

 

Singapour est une très jolie île. Une ville incroyable. Avec de très grands immeubles très modernes. Et de jolis petits quartiers très pittoresques.

Les gens que j'ai rencontrés sont très gentils. Et j'ai eu là-bas un très grand succès. C'est normal me direz-vous : je suis la Miss ADDIS et tout le monde n'a pas été baptisée, comme moi, aux sources du Nil bleu. Le Grand Machin, lui,  y était allé pour terminer une interview qu'il avait commencé au Danemark.

Celle d'une jeune fille singapourienne très jolie et très intelligente qui est cavalière.

Elle est handicapée et je peux vous assurer que ce qu'elle fait, il n'y a pas beaucoup de valides (comme on les appelle) qui seraient capables de faire moitié moins qu'elle.

Je vous parlerai de Jemma plus tard, ( elle s'appelle Jemma) car je lui réserve un article rien que pour elle. Elle a même remporté une médaille d'or en dressage aux championnats du monde d'équitation ! Je suis très fière d'elle !

Mais bon, je m'égare... pour en revenir à Singapour c'était un très beau voyage.

Le Grand Machin était tellement occupé à faire ses photos, qu'il m'a un peu délaissée. Pffffffffffffffffffffffffffffffffffffff

Alors moi, comme je savais qu'il ne risquait rien, les gens sont très gentils là bas, je suis allée me promener.

J'ai rencontré un vieux monsieur, qui parlait très bien l'anglais. Oui, à Singapour, presque tout le monde parle l'anglais.

Je ne vous avais pas dit que je suis une souris polyglotte ?

Ce monsieur m'a raconté une très jolie histoire. Bon. Je vous l'accorde, je la raconte très bien moi aussi.

La voici :

 

 

La Vieille Dame et le Pot

image palanche

 

 

" Une vieille femme chinoise avait pour habitude d'aller chercher de l'eau, tous les jours.
Deux pots suspendus aux deux bouts de sa palanche.

(la palanche, c'est la perche en bois dont se servent parfois les vietnamiens et les chinois pour transporter des gros paquets. Vous connaissez j'en suis sûre)


L'un neuf et étincelant.
L'autre, vieux et usé laissait passer l'eau par ses fêlures de longue vie.
Lorsqu'elle arrivait chez elle,  de retour de la rivière, le premier était évidemment plein, tandis que l'autre ne contenait plus qu'un fond d'eau.
 
Le village se moquait d'elle, et les femmes qui faisaient la route avec elle la taquinaient gentiment sous le soleil.
Mais pourquoi gardes tu ce vieux pot Lao Mei ? Changes le donc...
 
Et la vieille et jolie Lao Mei souriait sans jamais répondre.
 
Un jour, n'y tenant plus, le vieux pot rompit le pacte sacré des objets et s'ouvrit à la vieille dame en ces mots :
" Nous avons vécu ensemble presque toute cette vie. Je t'ai vu grandir, t'épanouir, tes enfants ont bu à mes bords. Mais aujourd'hui j'ai honte ma vieille amie. Cesse donc d'avoir pitié de moi. Pourquoi donc me gardes tu ? Je ne te sers plus à rien. Je te vois au bout du chemin, tous les jours, fatiguée de nous avoir portés. Et je ne peux plus que te garder qu'une poignée d'eau tant mes fêlures sont grandes... "
 
La vieille leva alors la tête, son sourire illumina ses rides. Et elle regarda de ses vieux yeux son vieux pot, fêlé, de toute la tendresse de son coeur immense.
 
" Mon vieil ami. N'as tu pas vu que tous les ans j'ai semé des graines de fleurs le long du chemin ? Que tu les as arrosées à chaque voyage de retour de la rivière ? C'est grâce à toi que depuis tout ce temps, j'ai décoré ma table et ma maison.  Et je t'en remercie tous les jours qui me sont donnés de me ravir de ces couleurs."

 

Et voila !

Vous ne trouvez pas que cette histoire est bien jolie ?

Moi je l'aime bien. Parce que je sais, comme je suis une grande voyageuse, qu'il faut savoir voir ce qui est bon dans les choses et les gens.

Et que beaucoup de belles personnes ne savent même pas qu'elles sont belles.

Moi, j'aime bien les êtres fêlés, car ils laissent passer la lumière. Parfois, ils mettent un foulard par dessus quand ils sont trop tristes. Ou qu'ils se sentent trop seuls.

 

Il ne faut pas leur en vouloir... si personne ne leur rappelle, ils oublient à quel point ils sont beaux eux aussi...

Tout le monde n'a pas la chance d'être aussi jolie que moi.

 

La Miss Addis.