Moi, j'aime bien les déserts.

Il y a plein de déserts différents. Certains pleins de cailloux. D'autres faits d'un sable très doux et très chaud. Parfois avec des grandes dunes qui font comme les vagues de la mer.

C'est un peu comme quand on est petit et que l'on va à la plage.

Mais là, la mer elle est beaucoup plus loin.

Et puis, la plupart du temps, il fait très chaud la journée. Et très froid la nuit.

 

Mer de dune en Mauritanie

 

Un jour, quelqu'un m'a expliqué que c'est parce que le sable ne retient pas la chaleur et que comme il n'y a pas de nuages et que l'air est très sec, dès que le soleil se couche toute la chaleur et ben elle s'en va.

Elle ne sait pas ce qu'elle manque la chaleur, parce que la nuit dans le désert, c'est vraiment très beau.

 

Jeune fille devant sa case en Adrar. Mauritanie

 

Dans le désert il y a quand même des gens qui passent et qui y vivent. Mais c'est difficile pour eux. Alors, ils restent plutôt dans les zones semi-désertiques. C'est plus facile.

Dans le Sahara, il y a des bédouins, des touaregs... Ils connaissent des tas de belles histoires et souvent, ils sont très Sages... Même si on ne comprend pas toujours très bien au début.

 

 

La première fois que j'y suis allée, comme d'habitude j'avais emmené avec moi le Grand Machin qui voulait rencontrer des bédouins dans leurs villages. On appelle ces villages des "camps", et ce qui est drôle c'est que ces villages ne sont jamais à la même place. Alors il faut les chercher un peu quand même.

Les maisons sont faites avec des poteaux et des toiles, et il y a des grands tapis au sol. C'est très beau et confortable. Et on appelle ces maisons des tentes.

Vous savez tout. Voila.

 

Le grand Machin avec ses copains avait tout préparé pour leur promenade.

Moi, j'étais toute excitée à cette idée de marcher dans le sable.

Et je m'étais préparée aussi.

Comme eux, j'avais pris de l'eau dans une gourde que j'avais accrochée à ma ceinture, pris un pantalon large, un chapeau qui m'allait très bien et des lunettes de soleil.

J'avais même mis un ballon de plage et un seau et une pelle dans mon sac à dos pour faire des châteaux de sable.

Il  a voulu me mettre dans sa poche en disant que c'était trop dur pour moi de marcher à côté des dromadaires, mais j'ai insisté. Il a rigolé et m'a laissée faire.

Pfffffffffffffffffffffffffffffffffff

Je suis une grande quand même !

Il était un peu inquiet quand même et a vérifié deux ou trois fois que l'on avait assez d'eau. Il dit toujours qu'il faut emmener deux fois la quantité d'eau nécessaire en cas de problème.

J'ai pensé qu'il s'inquiétait pour rien et que l'on allait bien trouver une ou deux terrasses de café sur la route, mais pour lui faire plaisir je l'ai aidé et j'ai vérifié de mon côté.

Et comme je suis là et que je suis la Miss Addis, de toute façon, y a pas de problème.

 

Dromadaire au petit matin dans le désert mauritanienLe soleil n'était pas encore levé et la lumière était toute grise.

J'aime tellement ces petits matins dans le désert.

Les dromadaires étaient déjà tout réveillés et tout le monde était très excité.

Il y avait six hommes habillés de longues tuniques avec des sandalettes aux pieds.

Et bien sûr, le Grand machin.

Tout le monde faisait " oui " de la tête et lui, il était tout content.

 

Moi, j'étais très fière parce j'avais tout bien organisé et je sentais bien que tout le monde était très rassuré de me savoir avec eux.

J'ai mis mon sac sur le dos et hop ! En avant !

Hamidou, le chef des caravaniers a donné le signal de départ et nous sommes partis tout droit devant nous.

Tout à coup le soleil s'est levé. C'est drôle, dans le désert, il se lève aussi vite qu'il se couche. Et la chaleur est revenue d'un coup.

Les premiers kilomètres, le sol était très dur et on faisait beaucoup de poussière.

J'étais très fière en me retournant parce que j'en faisais autant que tout le monde et c'était très rigolo.

Mais au bout d'un kilomètre, je commençais à être fatiguée. Pff pfff pfff, les dromadaires ont vraiment de grandes pattes et moi, ben je courais à côté.

Le sable devenait de plus en plus chaud et je le sentais à travers les semelles de mes jolies chaussures de marche. Alors je marchais sur la pointe des pieds. Mais c'est pas facile dans le sable !!!!

Nous allions tout droit devant nous, quand soudain on a fait un zig à droite !

Et comme ça, sans prévenir !

Je me suis dit qu'ils s'étaient trompés de route. Surtout que dans le désert, y a pas de route !

Nous avons continué à marcher sans ralentir sur un ou deux kilomètres.

Pfff pfff pfff ... je continuais à courir à côté et j'étais tout essoufflée. Le grand Machin, lui, avec ses grandes jambes il marchait tranquillement avec ses copains.

Par contre, on faisait toujours de la poussière derrière nous. Et si au début je trouvais ça rigolo, là, je commençais à me dire qu'on avait laissé notre 4 x 4 au camp où nous avions bu le lait... Il faudrait peut-être que les bipèdes inventent des dromadaires à air climatisé, ce serait beaucoup plus confortable. Il faut toujours s'occuper de tout avec eux. Pffffffffffffffffffff

On marchait, on marchait, on marchait...

 

Dromadaires et chamelier dans le désert Mauritanien

 

Enfin, eux ils marchaient et moi je courais sur mes pointes de pied pour pas trop me brûler quand soudain ! Sans prévenir ! Un zag à gauche !

Grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr ! ! !

Je me suis dit que les bipèdes ne savent vraiment pas où ils vont quand même et qu'ils devraient inventer des routes dans le désert !

On a continué à marcher et là j'ai vu un dromadaire qui tirait la langue et faisait un drôle de bruit.

Ca faisait Brelleeleuhbleuhhh pchii pchii....

Je me suis dit que lui aussi il devait commencer à fatiguer et qu'il râlait parce que les bipèdes savaient pas où ils allaient. Je me suis approchée de lui pour discuter un peu. Quand tout à coup, re-zig à droite !

Là , le dromadaire a failli m'écraser une patte et je me suis retrouvée dessous. Tiens ? De l'ombre ! J'ai continué à marcher entre ses pattes mais ça faisait beaucoup de poussière.

Pff pff pff, je trouvais mon rythme de croisière quand soudain re-zag à gauche !

Mais euuuuuuuuuuh ! ! !

Y savent où y vont ces bipèdes ! ? ! ? !

 

La miss Addis est fatiguéeLà, je me suis arrêtée d'un coup, j'ai mis mes petits poings sur les hanches et j'ai toisé le grand machin pour lui demander des explications quand même !

Bon, il m'a lancé un regard noir et je me suis dit qu'il fallait pas le déranger parce que si je le grondais, après il serait triste et qu'il faudrait faire oui de la tête plein de fois pour lui faire croire que c'est lui le chef... et patati et patata...

Il m'a quand même pris dans ses bras et fait monter sur un dromadaire.

 

J'ai sorti une jolie petite ombrelle de chez Heurtault et me suis installée confortablement.

On a continué à marcher et en me retournant, je regardais la jolie poussière de sable toute dorée que l'on soulevait.

C'était vraiment joli...

Tout à coup ! Re-re zig à droite. Mais ! ! ! Je commençais à douter de la santé mentale des bipèdes accompagnateurs et me disais qu'ils savent vraiment pas où ils vont. Le désert à cet endroit est tout plat et je ne comprenais pas pourquoi on n'allait pas droit devant nous.

Un zig, un zag, un re-zig à droite et un re-zag à gauche plus tard, le dromadaire qui était en dessous de moi refit un Brelleeleuhbleuhhh pchii pchii... Je me suis dit qu'il était fatigué. Alors je me suis penchée à son oreille et lui ai proposé qu'on change et que je pouvais le porter un peu pour qu'il se repose. Mais il m'a pas répondu et a juste rigolé en faisant kri kri kri bleuuhh bleuuh schiiii bleuhhhh... Un vrai chameau ce dromadaire !

Le temps était très long. Et surtout j'étais très en colère parce que avec les zigs et les zags qu'on faisait, on perdait beaucoup de temps. Même si dans le désert c'est vraiment très beau.

Et puis, on est arrivé près d'un champ de dunes. Re-zig et re-zag, on s'est arrêté.

Moi, j'étais pleine de poussière et j'avais très envie de prendre un bon bain. Mais on m'a dit que ce n'était pas possible.

Les bipèdes et le Grand Machin ont planté les tentes et ont allumé un petit feu quand la nuit a commencé à tomber. Ils se sont même mis à chanter et à raconter des histoires.

C'est là que j'ai tout compris.

Le chef des bergers des dromadaires a expliqué pourquoi ils ne marchent pas tout droit dans le désert, et qu'ils font des zigs, des zags...

C'est pour ne pas que la ligne droite des traces des caravanes casse la beauté du désert.

Tout comme dans la Vie, les choses les plus belles ressemblent souvent à l'ondulation des vagues de dunes.

 

Nuit sur les dunes. Mauritanie

 

Alors, je suis montée au sommet de la dune la plus proche, la lune éclairait le désert, et j'ai regardé la route que nous avions parcourue.

Les zigs et les zags que nous avions marqués dans notre marche dessinaient dans le désert quelque chose d'infiniment beau.

Ce sont ces zig-zag que l'on retrouve souvent sur les tapis et bijoux fabriqués par ces enfants du désert.

Je suis retournée près du feu et je me sentais très fière d'avoir ainsi, comme eux, dessiné notre route.

 

 

La Miss Addis